Le palais de Ksar Saïd est un ancien palais beylical tunisien situé au Bardo, situé à peine à moins de deux cents mètres du Musée national du Bardo et de l’Assemblée des représentants du peuple, le palais de Ksar Saïd, remarquable résidence beylicale du XIXe siècle, végète depuis plusieurs décennies en attendant une réelle mise en valeur qui tarde à se concrétiser.
Bien que destiné à abriter un musée, couvrant notamment la période assez méconnue des monarques de la dynastie des Husseinites (1705-1957), il ne sert, jusqu’à nos jours, que de réserve à des collections inaccessibles au grand public. La situation actuelle du palais de Ksar Saïd, doté de décors et d’œuvres d’art d’intérêt majeur, illustre le manque de vision dans les domaines culturel et muséal.
Si l’architecture palatiale tunisienne de l’époque husseinite a connu plusieurs phases à partir de la première moitié du XVIIIe siècle, en particulier depuis les aménagements réalisés par Ali Pacha (1735-1756) dans l’aile cérémoniale du Bardo, celle du palais de Ksar Saïd est caractéristique d’une phase, débutée sous le règne d’Ahmed Bey Ier (1837-1855), et comprise entre les années 1840 et 1870, qui est marquée par la palace privilégiée accordée au goût italianisant aussi bien dans l’architecture et la décoration, que dans l’ameublement. La façade principale de l’édifice, constituée de trois niveaux, est scandée de fenêtres grillagées. Au milieu de cette dernière, se superposent la porte d’entrée, un moucharabieh (en jargon tunisien « Ganaria ») et un fronton triangulaire ; les armoiries beylicales garnissaient autrefois celui-ci. La porte, ouvrant sur un vestibule hypostyle surmonté d’une voûte en berceau, présente un bel encadrement à arc surbaissé, encadré de pilastres.
Par opposition à l’uniformité de la façade, les intérieurs du palais, notamment les salles d’apparat du premier étage, offrent une plus grande richesse ornementale, où abondent le marbre blanc de Carrare, les céramiques napolitaines, les stucs et les boiseries peintes.
Bien que les apports ornementaux de la Péninsule italienne prédominent, notamment dans l’escalier d’honneur, dans le vaste patio couvert et dans d’autres pièces entourant ce dernier, les traditions architecturales et décoratives tunisiennes, elles mêmes enrichies d’influences arabo-andalouses et ottomanes, ne sont pas pour autant abandonnées ; ceci est visible au niveau des voûtes à pans, tapissées de stucs ciselés de motifs hispano-mauresques, des deux salles d’apparat qui bordent les longs côtés du patio couvert .
Le palais de Ksar Saïd abrite ainsi des collections remarquables : le plus gros de celles-ci est constitué de peintures historiques de grandes dimensions, représentant soit des hommes d’État tunisiens ou étrangers, soit des scènes marquantes de l’histoire du pays.