Makthar, Tunisie

Situé dans le gouvernorat de Seliana, le site archéologique de Makthar est l’un des sites les plus étendus du pays. Il est localisé à la limite entre le nord-ouest et le centre-ouest de la Tunisie, à 150 kilomètres au sud-ouest du Carthage. Vestige de l’antique Mactaris, la ville de Makthar est une excroissance tardive, d’époque coloniale, comme en témoignent quelques bâtisses ou demeures. Comparée au site de Bulla Regia, une grande partie du site n’a pas encore fait l’objet de recherches archéologiques à cause du relatif éloignement de la région ainsi que l’intégration difficile dans les réseaux de communication. Comme l’atteste la présence d’escargotières fossilisées, Mactaris a été habitée dès le VIIIe millénaire avant J-C. Sa fondation est sans doute le fait des populations libyques comme le témoigne son toponyme initial MKTRM, transposé en Mactaris en latin. Cette fondation remonte au Ie siècle avant J.C, avec l’installation de colons puniques ou numides punicisés qui répandirent dans la région la religion, la culture et les arts de Carthage. 

Makthar était d’abord une importante forteresse numide. Elle conclut une alliance privilégiée avec Carthage et profite de son développement avant d’accueillir des flux importants de réfugiés à la chute de la cité en 146 avant J.C. A l’époque néo-punique, Mactaris voit un développement certain mais cette ville n’a connu son apogée qu’avec les romains. Elle prend le nom d’une colonie sous le règne de Marc Aurèle et connaît une romanisation tardive mais réelle. La ville obtient le statut de ville libre mais conserve dans ses institutions locales trois suffètes. Dès la fin du Ie siècle, la cité tire profit de la paix romaine et connaît une certaine prospérité qui se traduit par les nombreux monuments construits qui s’étendent sur une superficie supérieure à dix hectares. Avec l’arrivée des vandales, la ville de Makthar a connu son déclin. Les byzantins et les arabes ont utilisé les matériaux des édifices pour construire leurs villes, mais les Hilaliens ont détruit définitivement le site qui a été abandonné.

Les fouilles ne débutent réellement qu’en 1893 et ne s’arrêtent jamais, mais elles reçoivent une impulsion à partir de 1944 et reprennent quelques années après l’indépendance. Vu l’étendu du site, Makthar n’a pas encore été fouillé en sa totalité et certains éléments ont été placés hors du parc archéologique tels que : le mausolée néo-punique, le temple d’Apollon, le mausolée de Julii… Outre les nombreux vestiges qu’il abrite le site archéologique de Makthar, seuls quelques éléments épars en étant exclus. Son petit musée présente diverses pièces archéologiques trouvées sur le site.

Édifices :

Édifices antérieurs à l’époque romaine :

  • Les mégalithes : Le site archéologique de Makthar comporte plusieurs mégalithes qui ont été fouillés et ont servi de lieu de sépulture collective. Constitué de grosses dalles, cet ensemble possédait un espace destiné au culte rendu aux défunts lors des cérémonies de dépôt des cendres. Les fouilles effectuées par les archéologues ont permis de retrouver plusieurs céramiques de diverses origines. En 2012, le gouvernorat tunisien propose l’ensemble pour un futur classement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
  • Le mausolée de Makthar : Se rapprochant du mausolée d’Atban à Dougga, il existe sur le site de Makthar un mausolée de forme pyramidale et de type punicisant. En outre, les archéologues ont dégagé une place publique d’époque numide qui devait être le centre religieux de la ville qui abrita plusieurs temples tel que le temple d’Auguste de Rome.

Édifices de l’époque romaine :

Édifices civils :

  • Amphithéâtre : Se trouvant à l’entrée du site, il possède une cavea mixte, dont la partie nord-est est construite alors que la partie sud-est tire partie du relief de la colline. Les archéologues ont trouvé un dispositif de cage d’accès des animaux de l’arène.
  • Forum et Marché : Possédant une surface de 1500 m2, le forum est le lieu où se croisent le Cardo et Decumanus. Son dallage est bien conservé. Se trouvant de l’autre part du forum, le marché se constitue par plusieurs boutiques.
  • La Schola des Juvenes : Dans son état actuel, la Schola est un bâtiment d’époque sévérienne particulièrement bien conservé. C’est le siège de l’association des jeunes de la cité. Cette association paramilitaire a comme fonction la collecte des impôts en nature. Pendant l’époque byzantine, ce bâtiment a été transformé en basilique. On comprend donc l’intérêt historique que peut présenter ce monument en restituant le cadre architectural de ces importantes associations.
  • Arc de Trajan ou de triomphe : Cet arc est construit en 116 en l’honneur de l’empereur Trajan. Autour de l’arc, on peut voir : une petite place, une basilique vandale ainsi qu’un fort byzantin.

Édifices de loisirs :

  • Les thermes : Le site archéologique de Makthar présente les vestiges de thermes importants avec une date de construction située entre la fin du IIeet le début du iiie siècle. Les grands thermes de sud figurent parmi les importants de l’Afrique romaine. Ils possèdent un frigidarium d’époque sévérienne, pavé de mosaïques. Inaugurés en 199, les thermes principaux de Makthar ne semblent pas avoir possédé de palestre. Pendant l’époque byzantine, les thermes sont transformés en un fortin et dotés d’une enceinte en grand appareil.

Édifices religieux :

D’époque vandale, la basilique d’Hildeguns possède trois nefs et comprend des tombes byzantines. Les constructions de cette époque sont très rares et cette rareté donne de la valeur aux vestiges subsistants. Même si les fouilles ont livré une dédicace à la triade Jupiter-Junon-Minerve, le capitole est assez mal conservé. Le site a livré également plusieurs temples tels que : le temple de Bacchus, le temple d’Apollon, le temple de Liber Pater…


Retour aux sites archéologiques