Néapolis est un site archéologique tunisien situé sur la côte, à deux kilomètres au sud-ouest du centre de la ville de Nabeul. Elle est considérée comme l’une des rares villes du Maghreb qui a porté un nom grec. D’ailleurs, Néapolis est citée dès le V ème siècle avant J.C dans les textes de Thucydide et présente aussi la ville la plus anciennement citée après Carthage; les mêmes textes confirment son importance durant la période punique.
Ce site antique a été fortuitement découvert en 1965 lors de travaux de terrassements. Grâce aux fouilles de sauvetage, les archéologues ont pu découvrir un ensemble unique en son genre : une véritable installation industrielle d’époque romaine de fabrication du garum et de salaison de poisson. Ces fouilles permettent aussi de dégager un quartier d’habitation avec des maisons pavées de superbes mosaïques dont certaines sont conservées sur place et d’autres exposées au musée de Nabeul.
De 1996 à 2002, un programme de mise en valeur du site a été entrepris par l’Institut national du patrimoine et l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle. Ce programme consiste à : restituer le tracé des murs, la réfection du dallage du decumanus, la couverture des portiques des galeries des bassins de salaison ainsi que l’ouverture d’une nouvelle salle de musée de Nabeul consacrée au site.
Découverte récemment, engloutie sous la mer il y a des siècles à cause d’un séisme, la ville de Néapolis comprend à peu près un tiers de la ville romaine antique. Elle a particulièrement souffert des conséquences de cet important séisme qui a provoqué l’effondrement dans la mer de cette partie de la ville retrouvée intacte grâce aux efforts des plongeurs des équipes tuniso-italiennes lors d’une prospection sous-marine à Nabeul. L’Institut national du patrimoine tunisien (INP) et l’Université de Sassari-Oristano en Italie avaient entamé leurs recherches en 2010, où ils espéraient retrouver le port de Néapolis, la partie antique de la ville de Nabeul enfouie sous les eaux.
Vers la fin du mois d’août, en 2017, les très bonnes conditions météorologiques ont permis une exploration approfondie du large de Nabeul. Cette découverte majeure a dépassé leurs espérances et leur objectif puisque l’expédition a mis au jour vingt hectares de ville antique, submergée par la mer Méditerranée. Elle nous a permis d’avoir la certitude que Néapolis était un grand centre de production de garum et salaison, probablement le plus grand centre dans le monde romain. Le garum, condiment à base de poisson dont les Romains raffolaient, était une source de fortune pour les notables de Néapolis. Cette denrée onéreuse, très convoitée par les Romains, est une sorte de sauce à base de poisson dont le goût s’apparente à celui du nuoc-mâm vietnamien. Le garum était ensuite stocké dans des amphores « qui ont été exportées à travers presque toute la Méditerranée et ont dressé des ponts entre les différentes villes » dans la région, explique Mounir Fantar, directeur de la mission archéologique. Une grande partie devait être destinée à l’exportation vers d’autres pays méditerranéens où les Romains en ont diffusé l’usage. « Aujourd’hui, le plus important n’est pas de fouiller mais de conserver ces vestiges pour en faire une réserve archéologique pour les générations futures, » a conclu Mounir Fantar.
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